Ouvrage sur Un dimanche à la campagne (Bertrand Tavernier, 1984) publié dans le cadre de l’inscription de ce film au programme des Agrégations internes de Lettres.
Editions Atlande, collection « Clefs concours cinéma ».
Préface de Bertrand Tavernier ; 352 pages.
Résumé :
Adapté de Monsieur Ladmiral va bientôt mourir (1945), “testament littéraire” du romancier et scénariste Pierre Bost, Un dimanche à la campagne occupe une position paradoxale dans la filmographie de Bertrand Tavernier. Reçu de façon globalement très positive à sa sortie en 1984, malgré quelques voix discordantes, le film a paradoxalement souvent été décrit comme un simple exercice de style, un “Tavernier en mode mineur” dénué de l’originalité et de l’ambition de Que la fête commence (1975) ou de Coup de torchon (1981).
Visant à dépasser cette vision réductrice, cet ouvrage s’efforce de restituer les complexités toujours actuelles d’une œuvre sans équivalent dans le paysage cinématographique des années 1980, en la replaçant dans son contexte d’émergence. Il se fonde sur l’étude des archives scénaristiques de Tavernier et adopte une approche pluridisciplinaire associant l’histoire du cinéma, l’histoire de l’art et l’historiographie de la France moderne de 1830 à nos jours. Articulant l’analyse filmique et la contextualisation socio-historique, il propose l’hypothèse qu’Un dimanche se présente à la fois comme une réflexion allégorique sur la création artistique, comme une expérimentation concrète des puissances du cinéma, et comme une réflexion étendue sur le nouveau régime d’historicité issu des mutations du XIXe (dans une acception large du terme : jusqu’en 1914). Dans cette perspective, il déploie un parcours analytique en trois temps. “De l’écrit à l’écran : la fabrique de l’adaptation”, la première partie met en rapport l’œuvre source et l’œuvre seconde, afin d’identifier de quelles façons celle-ci a réélaboré l’esprit, la visée et la portée du roman de Bost, entre restructuration du sens et amplification de l’émotion. Portant sur “L’art et la manière : la petite musique de Tavernier”, la seconde partie remet en cause l’idée que le film serait dénué d’enjeux narratifs et offrirait un “pastiche impressionniste”, en s’intéressant à sa narration lyrique et à son style à contre-courant. Intitulée “D’une fin de siècle à une autre : explorer la discordance des temps”, la dernière partie se risque à analyser la double ambition historiographique de l’œuvre : filmer le passé en tant que présent, penser le présent au miroir du passé. La conclusion interrogera la façon dont Un dimanche mêle l’art, le cinéma et l’Histoire pour ouvrir de larges fenêtres sur la “Terre Promise” de l’imaginaire.